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    L'entreprise Eurofence fabrique, en Haute-Marne, région en voie de désertification économique et sociale (fermetures d'entreprises, départ des services publics, chômage, etc.), des clôtures industrielles et des portails métalliques. En octobre 2016, elle était mise en liquidation. Détenue pendant plus de vingt ans par des fonds familiaux, Eurofence avait été vendue en 2005 au suédois Gunnebo, qui l'a ensuite cédée en 2011 au fonds de pension scandinave Procuritas. Des erreurs stratégiques et le versement d'importants dividendes aux actionnaires étrangers ont fait péricliter l'affaire. Un plan social intervient en avril 2016, pour réduire les effectifs de 105 à 82 salariés. S'ensuivent quelques mois d'une lente agonie, jusqu'à la mise en liquidation d'octobre 2016.

     

    Mais les salariés, sous l'impulsion du directeur de la production, Matthieu Escudié, se sont mobilisés et ont décidé de reprendre l'entreprise en SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production). L'Union régionale des SCOP, le Commissaire au redressement productif, le Conseil régional, Pôle emploi ont su répondre rapidement à toutes les demandes administratives, et convaincre les banques. Quatre millions ont pu être réunis pour racheter la société et assurer le fonds de roulement nécessaire.

     

    « On n'a pas sauvé 61 salariés (certains n'ont pas cru au projet et sont partis), on a sauvé 61 familles », dit Matthieu Escudé. « Je n'ai qu'un BEP de secrétariat. A 45 ans, retrouver du travail ailleurs dans la vallé de la Blaise aurait été impossible. La SCOP est un soulagement: «]'aime encore plus mon travail maintenant. C'est plus convivial. » Originaire de Saint-Dizier, chez Eurofence depuis 1997, Dominique Gangloff, 48 ans, ancien secrétaire du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), n'était pas vraiment dans les petits papiers de la direction et s'apprêtait à être licencié. « Les gens avaient l'impression d'être ponctionnés par les actionnaires. Maintenant, ils travaillent pour eux et la collectivité. ». «II ne fallait pas laisser partir ce savoir-faire, estime Marie-Madeleine Maucourt, directrice de l'union régionale des SCOP d'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.

     

    Quels sont les candidats qui soutiennent les SCOP ?

     

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    Jean-Eric Hyafil, enseignant-chercheur au Centre d'économie de la Sorbonne, membre du Mouvement français pour le revenu de base (MFRB), propose quelques exemples pour dissiper les fantasmes et clarifier les idées (Le Monde du 8 février 2017).

     

    Le revenu universel suscite bien des fantasmes : « C'est la fin de l'emploi »; «Cela crée une société d'assistés »; «Ça coûterait trop cher »›; « C'est une usine à gaz », entend-on de tous côtés. Pour cesser de se bercer d'illusions, prenons des exemples concrets :: voici les conséquences qu'aurait l'instauration d'un revenu universel pour un couple de classe moyenne, pour le conjoint sans revenu d'un cadre, pour un travailleur pauvre aux revenus aléatoires, pour une personne seule aux revenus élevés.

     

    Imaginons une réforme fiscale introduisant un revenu universel (RU), au montant intermédiaire de 548 euros qui ne remplacerait que le RSA (revenu de solidarité active) et la prime d'activité (les aides au logement étant maintenues). Dans ce modèle de base, le financement repose intégralement sur une réforme de l'impôt sur le revenu (IR): celui-ci est prélevé au taux de 34 % dès le premier euro gagné au-delà du RU, le taux marginal atteignant 48 % sur la dernière tranche. Bien sûr, il serait aussi possible de diversifier les sources de financement (lutte contre l'évasion et l'optimisation fiscales, impôt sur le patrimoine, etc.). Mais restons-en ici à la seule réforme de l'IR. Un couple sans enfants de la classe moyenne, dans lequel chaque conjoint touche 2000 euros de salaire net par mois, paie aujourd'hui 296 euros par mois d'impôt sur le revenu, ce qui lui laisse un revenu disponible mensuel de 3704euros. Avec la réforme proposée, l'impôt mensuel passera certes à 1408 euros, mais chaque conjoint recevra son RU, portant le revenu disponible du couple à 3688 €. Le RU ne change donc presque rien. Si : il permet à l'un des conjoints de choisir de réduire son temps de travail - par exemple pour faire du bénévolat associatif - en subissant une baisse de revenu disponible moins forte que sans RU.

     

    Imaginons maintenant que, dans ce couple, les 4000 euros sont gagnés par un seul conjoint (disons la femme), tandis que l'autre (le mari) n'a aucun revenu. Madame paie donc actuellement les 296 euros d'impôt mensuel, sachant qu'elle en paierait 648 si elle vivait seule : c'est le quotient conjugal qui lui permet de bénéficier d'une réduction de 353 euros d'impôt, au nom du fait qu'elle doit «entretenir » Monsieur, qui, lui, ne peut prétendre au RSA. Avec la réforme, Madame ne pourra certes plus profiter du quotient conjugal, tandis que Monsieur percevra comme madame ses 550 euros de revenu universel, ce qui rééquilibrera les relations au sein du couple. Il deviendrait plus simple pour Monsieur de quitter Madame, si celle-ci devenait violente par exemple...

     

    Prenons maintenant un individu dont les revenus du travail sont faibles et variables d'un mois sur l'autre. S'il gagne 800 euros net dans le mois, il ne paie aujourd'hui pas d'impôt et perçoit avec trois mois de décalage une prime d'activité de 212 euros, à condition évidemment de la demander : en 2011, 68% des travailleurs pauvres ayant droit au RSA activité - prédécesseur de la prime d'activité - ne le demandaient pas. Avec l'introduction du RU, il lui sera prélevé 281 euros d'impôt sur le revenu à la source sur son salaire, ne laissant que 519 euros de revenu net, auxquels s'ajoute le RU, ce qui revient à un revenu disponible de 1067 euros pour ce mois, au lieu de 1012 euros aujourd'hui. Mais surtout, il saura que le mois suivant, quels que soient ses revenus d'activité, il percevra automatiquement ses 548 euros de RU, alors qu'il lui est impossible aujourd'hui d'anticiper le montant de sa prime d'activité. Avec le RU, c'est l'impôt prélevé à la source qui s'ajuste instantanément aux variations de revenu, et non le montant de la prime d'activité avec trois mois de retard.

     

    Certains craignent que le revenu universel revienne à abandonner les titulaires du RSA et les personnes sans emploi à leur situation d'exclusion. Bien au contraire. On pourrait redéployer de nombreux fonctionnaires des caisses d'allocations familiales et des conseils départementaux qui se consacrent aux tâches administratives associées au RSA vers des missions d'accompagnement des personnes en difficulté d'insertion. Surtout, l'incitation monétaire à travailler serait accrue, puisque chacun saura qu'il conservera l'intégralité de son RU s'il retrouve un emploi, alors que la perte des allocations actuelles est parfois un motif de renoncement à l'emploi. ` Chômeurs et retraités continueront à recevoir leur revenu de remplacement et percevront le RU, mais ils paieront plus d'impôt suivant le même mécanisme que pour les revenus du travail. En outre, les mécanismes de la politique familiale (allocations familiales, complément familial, allocation de rentrée scolaire, quotient familial) seraient réunis en un seul RU forfaitaire de 200 euros à 250 euros par enfant. Les personnes en situation de handicap et les mères isolées continueraient à recevoir l'aide supplémentaire actuelle, attachée à leur situation particulière.

     

    Quant à la personne qui gagne, disons, au hasard, 1 million d'euros par mois, elle toucherait certes le RU mais paierait 479466 euros d'impôt mensuel au lieu de 448364 euros aujourd'hui. Compte tenu du RU, son revenu disponible mensuel passerait de 551636 euros à 521082 euros.

     

    Certains se demandent pourquoi verser à tous un RU, pour finalement augmenter l'impôt de tous. Il y a d'abord une dimension symbolique importante: quand un revenu est versé à tous plutôt que d'être réservé aux pauvres, il n'est plus stigmatisant. Mais surtout, le mécanisme revenu universel + impôt universel est plus simple et plus clair, et supprime les effets de seuil. Avec un nouvel impôt individualisé, le prélèvement à la source aussi est simplifié. Il faut donc sortir des fantasmes: le RU est finançable, ce n'est pas une usine à gaz et il ne créera pas une société d'assistés. Mais peut-être faut-il aussi cesser les grands discours qui le décrédibilisent. Le RU ne signe pas «la fin de l'emploi », ne garantira pas l'autonomie de tous, ne résoudra pas tous nos problèmes économiques et sociaux: c'est simplement une réforme socio-fiscale qui permet de rendre la redistribution plus claire et plus efficace.

     

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    Une nouvelle conception de l'industrie est peut-être en train de naître. Avec son modèle industriel innovant de voitures électriques modulaires, un jeune constructeur automobile, XYT, est en train de créer l'usine sans chaîne de montage. L'entreprise veut développer l'assemblage des voitures dans de petits ateliers, proches des acheteurs finaux, en s'appuyant sur un écosystème de garages ou ateliers qui prendraient à leur compte cette partie du travail. Pour y parvenir, XYT a conçu un véhicule simple et robuste, facile d'entretien et personnalisable (il existe une version utilitaire). La voiture est aussi évolutive: on ne rachète pas un nouveau modèle, on le met à jour en remplaçant certains éléments par des nouveaux, plus innovants. Le véhicule - qui coûte 18000 euros, montage compris et une fois le bonus écologique déduit - ne compte que 600 pièces, soit dix fois moins qu'une voiture traditionnelle. Une trentaine d'heures et pas plus de sept outils courants suffisent pour avoir un véhicule en état de rouler. Quelques 80 voitures produites par XYT sont déjà sur les routes, dans des collectivités et des entreprises, et chez des particuliers. L'objectif visé est de vendre 2 000 véhicules dans les trois ans à venir, en tablant sur un réseau de 100 points d'assemblage en France et sur un marché orienté au départ vers les clients professionnels.

     

    Proximité du client, petites unités de production, simplification des produits et des processus, pas de jetable, mais du modulable et de l'évolutif, cette nouvelle industrie est assez séduisante.

     

    http://www.xyt.fr/index.html

     

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    On parle beaucoup des trente-cinq heures, en termes de durée du travail. Or ce n'est pas de la durée du travail qu'il s'agit dans cette affaire, mais de sa rémunération, du salaire.

     

    Peu de gens, en France, travaillent effectivement trente-cinq heures. La plupart (de ceux qui ont un emploi, bien sûr) travaillent plus (en moyenne 37 heures et quelque) souvent beaucoup plus et beaucoup d'autres, à temps partiel plus ou moins choisi, travaillent moins.

     

    Trente-cinq heures, c'est la durée légale, au-delà de laquelle les heures travaillées doivent être comptées comme « heures supplémentaires », c'est-à-dire payées plus. Remettre en cause les trente-cinq heures, comme veulent le faire plusieurs candidats de la présidentielle à venir, c'est donc remettre en cause, non la durée effective de travail, qui est toujours fonction du carnet de commande des entreprises, mais le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, autrement dit, la rémunération. C'est s'attaquer directement au salaire et au pouvoir d'achat des salariés. En particulier, Emmanuel Macron, en jouant hypocritement sur le fait que les jeunes, plus résistants, peuvent travailler plus, et en instituant une durée légale différente selon l'âge, revient à instaurer légalement une différence de rémunération entre jeunes et vieux, ce qui est strictement contraire au principe « à travail égal, salaire égal ».

     

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  • Le Monde se fait l'écho d'une étude de l'OCDE, selon laquelle les inégalités ont augmenté à peu près partout dans le monde, sauf ... en France, où"elles ont à peu près retrouvé leur niveau de 2007 (0,295), après avoir augmenté modérément entre 2007 et 2012". Elles restent évidemment encore trop élevées, mais on ne peut plus dire que le quinquennat de Hollande a été celui des cadeaux faits aux riches.

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