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    Dans le film de Rossellini « Les évadés de la nuit » (1960), trois prisonniers Alliés, un Américain, un Soviétique et un Britannique, se retrouvent dans un camp de l'Italie fasciste pendant la Seconde guerre mondiale. Ils s'évadent. Mais à part cela, lors d'une discussion, l'un d'eux fait le constat suivant : « J'ai rencontré beaucoup d'Italiens, des paysans, des ouvriers des villes, les soldats qui gardaient le camp. Aucun d'entre eux n'était fasciste. Les Italiens ne sont pas fascistes. Comment alors se fait-il que le fascisme a duré si longtemps, sans fascistes ? »

     

    Telle est bien la question. Comment se fait-il que les pouvoirs les plus inhumains dominent tant d'humains ? Comment se fait-il qu'un parti raciste et xénophobe soit favori des sondages dans un pays universaliste et catholique ? Aveuglement ? Panurgisme ? Lâcheté ? Irrationalisme ?

     

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    S'il vous plaît, arrêtez de ressasser vos aigreurs, tournez-vous vers l'avenir ! OK, il faut un « droit d'inventaire », que peut-être Hollande n'a pas assez fait valoir contre le lourd héritage des années Sarkozy-Fillon, mais évaluer le passé pour voir ce qu'on peut en faire à l'avenir est une chose, en faire un procès en est une autre. On n'en est pas à chercher des coupables et encore moins à les punir, on en est à tirer la France vers le haut.

     

    Commençons par ce qui semble fâcher le plus : le 49-3 et la déchéance de nationalité. Lors du vote de la loi-travail, plus de cinq mille amendements avaient été déposés, dont la plupart simplement photocopiés. Il y avait donc bien de la part de certains parlementaires une volonté d'obstruction et de refuser le débat, et le gouvernement en a tiré les conséquences. Faut-il pour autant supprimer le 49-3 ? Evidemment non, car une telle situation peut toujours se reproduire, qui aboutit au blocage d'un texte par une minorité.

     

    La déchéance de nationalité. Contrairement à ce qui a été présenté, ce n'était pas, à mon sens, une mesure purement symbolique, même si elle avait bien aussi cette dimension. Rappelons-nous que la loi oblige le gouvernement à prêter main forte et assistance à tout citoyen français en danger à l'étranger. Imaginons un terroriste français arrêté dans un pays où la torture, ou au moins les jugements expéditifs, ou la peine de mort, sont courants, le gouvernement devrait le défendre. La déchéance aurait permis de priver un terroriste condamné de la protection liée à la nationalité française.

     

    D'autres sujets sont, je trouve, plus importants, et on en parle moins !

     

    Les créations de postes dans l'Education nationale. La question est maintenant de savoir comment on va améliorer le « rendement pédagogique » de l'école. Comment de nouvelles pédagogies pourront être développées et favorisées ? Voila les vraies questions.

     

    L'alignement du traitement des instituteurs sur celui des professeurs. Peut-être faudrait-il aussi envisager de revaloriser le travail d'autres catégories de salariés mal reconnus ?

     

    L'augmentation du nombre de policiers et de magistrats. Là aussi, il reste le problème principal, qui est la lenteur des procédures judiciaires et, ce qui en est partiellement la conséquence, la surpopulation carcérale liée principalement au trop grand nombre de détentions préventives (28%, plus du quart !). Comment éviter toutes ces détentions préventives ?

     

    Les emplois d'avenir, la garantie jeunes, le soutien à l'apprentissage, mesures insuffisantes, bien sûr, mais dont la portée est surtout limitée par une certaine frilosité des entreprises à l'égard des jeunes issus des milieux populaires.

     

    Le compte personnel de formation, le compte pénibilité, instaurés en grande partie par la fameuse « loi-travail » tant honnie, inverse de manière fondamentale le droit en l'attachant à la personne et non à l'emploi. C'est une révolution profondément humaniste, dont la portée est sous-estimée. Le projet de revenu universel de Benoît Hamon va d'ailleurs dans le même sens, en attachant à la personne un droit permanent à l'existence.

     

    La complémentaire santé pour tous, la généralisation du tiers payant, difficiles à mettre en place, mais qui représentent quand même un progrès important pour les plus pauvres.

     

    La retraite à 60 ans pour les carrières longues, là encore, mesure juste s'il en est : autant il est normal d'exiger une plus longue durée de cotisation pour une population dont l'espérance de vie s'allonge globalement, autant il est juste que ceux dont le travail a été plus éprouvant puissent bénéficier d'une retraite dès 60 ans.

     

    Le mariage pour tous, loi égalitaire qui reconnaît à chacun une égalité de droits quelle que soit son orientation sexuelle.

     

    La sanctuarisation du budget de la culture, après des décennies de baisse, la culture étant considérée comme une « variable d'ajustement » par les technocrates pour tenter d'équilibrer le budget de l'Etat.

     

    Le renforcement de l'égalité professionnelle hommes-femmes, l'extension de la parité dans les conseils départementaux, le remboursement complet de l'IVG et de la contraception, une meilleure protection des femmes contre le harcèlement sexuel, une politique cohérente de promotion des droits des femmes.

     

    La mise en œuvre concrète de la transition énergétique, là aussi, encore insuffisante, mais bien initiée notamment par un infléchissement de la stratégie d'EDF.

     

    Le non-cumul des mandats et autres mesures pour la transparence de la vie politique, toujours réclamées par touts mais réalisées par personne, enfin mises en place par François Hollande et son gouvernement.

     

    D'autres résultats seraient à évoquer, mais je ne cite ici que ceux qui me viennent en mémoire. Dans tous les domaines, on peut trouver, et je trouve, que François Hollande n'est pas allé assez loin, qu'il aurait dû faire plus et plus tôt. Mais la critique est facile et l'art difficile. L'inertie des bureaucraties et des hauts fonctionnaires, le manque de dynamisme des grandes entreprises, toujours promptes à dénoncer l'ingérence de l'Etat et, dans le même temps, à demander son aide, la conjoncture internationale défavorable à l'économie et à la France en particulier, l'effort de guerre imprévu et nécessaire, la puissance de « l'adversaire non élu », la finance, qu'on ne peut abattre simplement en « cassant la vaisselle », tout cela explique les échecs relatifs, les demi-mesures dont on accuse le président actuel. Les principales critiques sont venues de son propre camp politique ! La question n'est plus maintenant de savoir s'il aurait pu faire plus et mieux, mais de savoir comment, dans les cinq ans qui viennent, faire encore progresser les choses, pour le pays dans son ensemble et surtout pour les plus pauvres, dans la précarité du logement, du travail, de la santé, de l'éducation.

     

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    Certains le trouvent trop jeune et inexpérimenté. Ils me font penser à ces chefs d'entreprise qui veulent des collaborateurs jeunes et expérimentés … L'important pour un président est surtout de savoir s'entourer et d'avoir du leadership. Il ne peut pas avoir les compétences sur tout.

     

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    Le coeur

     Hamon veut faire battre le coeur de la France. Depuis longtemps,je suis partisan du revenu universel et d'une stratégie globale pour économiser notre planète. C'est ce qu'il veut faire, c'et ce qui le distingue des autres candidats à la présidentielle. J'ai voté pour lui dimanche dernier et je voterai pour lui le 23 avril.

     La raison

     Les "gens raisonnables" critiquent le projet de revenu universel comme trop coûteux et incitant à la paresse.

     Sur le financement, tous les soi-disant spécialistes avancent des chiffres et des arguments contradictoires. Aucun ne présente un bilan clair et sincère des coûts réels et des économies qu'il permettrait. Benoît Hamon a chiffré sa première étape à 48 milliards, financés par une réduction du CICE et des impôts sur les plu aisés. Personne ne conteste ces chiffres. Les oppositions viennent donc d'un refus politique. Fillon a parlé d'un "assistanat universel", et Valls pense que le revenu universel est étranger à "une société du travail". Je ne crois pas que quelqu'un qui toucherait 7 à 800 euros de revenu refuserait de travailler pour pouvoir faire un peu plus que payer son loyer … Le revenu universel est donc bien tel que Hamon le présente : un pilier de la sécurité sociale, une sorte de parachute pour tous.

     Les « gens raisonnables » trouvent aussi que « l'écologie, ça commence à bien faire » (dixit Sarkozy) … ou que ça coûte cher. Mais ce qui coûte cher, c'est notre mode de production et de consommation (eh oui, malgré les millions de gens sous-alimentés !). Nous consommons les ressources annuelles que peut nous fournir la Terre en huit mois, et vivons donc à crédit pendant quatre mois sur douze ! Est-ce cela être « raisonnable » ?

     Un dernier point sur le raisonnable. Il est clair qu'une candidature n'a de sens que si elle a de vraies chances de l'emporter et donc si elle peut rassembler au-delà de ses partisans.

     J'ai voté Peillon au premier tour de la primaire parce que je le voyais plus capable de faire une synthèse des idées des divers candidats. J'avais tort.

     Mélenchon, lui aussi, veut rassembler, mais autour de ses idées à lui. Aux autres de se rallier à sa ligne, pas question de bouger d'un iota. On dirait le PC de 1950 ! Et puis, que dire d'un président de la République « insoumis » ? Pourquoi pas un adjudant-chef antimilitariste ? Un camembert qui sent la rose ?

     Cazeneuve a dit justement à Hamon qu'il devrait reconnaître les mérites du quinquennat de Hollande. J'ai soutenu depuis longtemps François Hollande, en qui je vois un homme honnête qui réalise la difficile synthèse entre le réalisme et le souci de la justice sociale. On reparlera du bilan de Hollande en son temps, mais le dénigrer en bloc est évidemment injuste, et Hamon l'a reconnu, ce soir (lundi 30 janvier) sur la 2.

     Quant à Macron, que propose-t-il ? Les mesures type du libéralisme économique saupoudrée de quelques miettes sociales, et des dents longues...

     

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  •  Primaire de la gauche

     Au premier tour, j'ai voté pour Vincent Peillon. Un peu par enthousiasme (je le trouve sympathique et plusieurs de ses orientations me satisfont) et beaucoup par raison, parce que je croyais ses positions capables de rassembler largement la gauche, les gauches des modérés aux utopistes. Hamon aurait plus été mon candidat de cœur et moins mon candidat de raison, car je le trouvais trop marqué à gauche pour rallier une majorité. C'est maintenant lui qui représente la majorité, au moins parmi les électeurs de la primaire. J'espère qu'ils seront plus nombreux au second tour, car, c'est vrai, il l'a dit lui-même, montrant une lucidité que tous n'ont pas, il est celui qui représente plus l'espoir et la conviction, et que « le peuple de gauche » se réveillera et fera l'effort d'aller voter -pour lui- dimanche prochain.

     L'écologie

     L'écologie n'est pas « un plus ». Elle est au contraire au centre du problème de nos sociétés et du projet de Benoît Hamon. Les surcoûts de consommations énergétiques, de pollution, de nuisances à la santé grèvent lourdement nos économies en accroissant les dépenses de transport, de soins, de réparation des dégâts en tous genres et en limitant les capacités productives des personnes et des entreprises. Modifier profondément notre façon de produire et de consommer est indispensable et, même si cela dépend d'abord des acteurs économiques et sociaux, les pouvoirs publics, les politiques ont évidemment un rôle primordial à jouer en incitant et en aidant la transition.

     

    Revenu universel

     L'idée est une vieille idée du socialisme : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Elle est contraire, en effet, à une certaine idée « républicaine », qui veut que chacun vive des fruits de son travail. Je la trouve pourtant juste et profondément humaniste en ce qu'elle assure à chacun une sorte de parachute social, et exprime la solidarité de tous avec tous.

     Le débat a surtout porté sur sa faisabilité par rapport aux ressources du budget de l’État, son coût étant évalué entre 300 et 400 milliards €. Hamon a rabattu ses ambitions à une première étape de 48 milliards, ce qui reste encore très élevé, mais faisable. La mesure n'est peut-être pas prête à être mise en place rapidement, mais c'est une chose positive que d'ouvrir ce chantier.

     

    Économie sociale et solidaire

     C'est à mon sens l'avenir pour contrebalancer la sauvagerie du capitalisme. Qu'il s'agisse des mutuelles, des coopératives, des associations, les socialistes et les écologistes devraient en faire leur cheval de bataille et les appuyer de toutes leurs forces. C'était l'un des domaines d'action de Hamon dans son premier poste gouvernemental. Seul Vincent Peillon l'avait évoqué dans la campagne du premier tour, notamment dans un article paru dans le Monde.

     

    La santé

     Tous les candidats de gauche semblaient vouloir favoriser une médecine sociale de proximité, à travers des maisons de santé et/ou des dispensaires (je ne sais pas trop la différence que chacun fait entre les deux). Ça me paraît une évidence et on peut seulement se demander pourquoi la gauche ne l'a pas fait plus tôt !

     La prévention et la santé environnementale sont évidemment essentielles.

     

    Loi travail

     Cette loi comporte une révolution essentielle : centrer les droits des travailleurs non sur l'emploi, mais sur la personne, avec le compte personnel d'activité, créateur des droits à la formation, à la retraite, aux indemnités, etc.

     L'inversion de la hiérarchie des normes, entre la loi et la négociation, critiquée par Hamon, Mélenchon et autres frondeurs, n'est pas aussi radicale qu'ils veulent bien le présenter, car les négociations par branche sont favorisées et les négociations au niveau des entreprises sont contrôlées par les fédérations et peuvent faire l'objet de contestations. Le recours systématique à la loi dans les rapports entre salariés et employeurs n'est pas sain. Enfin, la loi donne des droits (de se syndiquer, par exemple) aux travailleurs « indépendants » (type Uber et autres).

     Cette loi n'est donc pas si mauvaise et même plutôt bonne, même si elle reste, bien sûr, amendable.

     

    « Rassembler », disent-ils …

     Valls, se projetant déjà dans la présidentielle, veut rassembler les Français, mais ne se préoccupe pas trop de rassembler, dans un premier temps et pour les primaires de la gauche, la gauche elle-même. Il a plutôt tendance à camper « droit dans ses bottes ». Hamon, lui, cherche à se positionner si nettement à gauche qu'il peut braquer les modérés, mais j'espère que ceux-ci seront assez intelligents pour s'unir derrière celui qui peut rassembler la gauche, préalable à un rassemblement des Français.

     

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